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ALGÉRIE/ SOCIÉTÉ:  FORMATION PARAMÉDICALE PRIVÉE,  ENJEUX ET PERSPECTIVES

Par Y.B.-- 02-Sep-2019 298

ALGÉRIE/ SOCIÉTÉ:  FORMATION PARAMÉDICALE PRIVÉE,  ENJEUX ET PERSPECTIVES

 

Mme BENKHALFALLAH Chahrazed est fondatrice de l’école privée « ERRRAZI » de formation paramédicale créée dans le cadre du dispositif ANSEJ domiciliée à Bordj Bou Arréridj. Dans cet entretien, selon son point de vue, elle nous dresse l’état des lieux du secteur privé de la formation paramédicale.

PIA : Je remarque que vous êtes en plein préparatifs de la rentrée scolaire.

Mme BENKHALFALLAH Charazed : Oui et d’ailleurs comme pour chaque rentrée pédagogique. Nous accueillerons les étudiants de 2° année le 08/09/2019. De même que nous avons clôturé les inscriptions pour la nouvelle promotion 2019/2020 dont la rentrée est fixée par le ministère de la santé pour le 06/10/2019. Nous nous sommes préparés pour que cette rentrée se déroule dans de bonnes conditions.

Quelles sont les spécialités que vous dispensez ?

Mme BENKHALFALLAH Chahrazed : Malheureusement, notre offre de formation se limite à une seule spécialité : Aide-Soignant de santé publique.

Pourquoi avez- vous limité votre offre a une seule spécialité ?

Mme BENKHALFALLAH Chahrazed : Ce n’est pas moi qui a limité notre offre de formation. C’est notre agrément délivré par le ministère de la santé qui m’ impose à ne dispenser que 03 spécialités : Aide Soignants de Santé publique, Auxiliaires de puériculture de Santé publique et Assistant en fauteuil dentaire de Santé publique. Mais la demande est essentiellement exprimée pour la spécialité d’aide-soignant. Pour les 02 autres spécialités, la demande est très faible.

Comment l’expliquez-vous ?

Mme BENKHALFALLAH Chahrazed : Si pour les aides-soignants les possibilités d’emploi sont relativement existantes dans les secteurs publics et privés des soins, par contre l’offre d’embauche pour les 02 autres spécialités est pratiquement inexistante du fait que les maternités, maternelles, les crèches ou les cabinets de chirurgie dentaires ne recrutent pas notre produit de formation.

Revenons à votre agrément. Pourquoi le ministère de la santé vous a imposé à ne dispenser que ces 03 spécialités alors que le marché dans le secteur privé est en croissance ?

Mme BENKHALFALLAH Chahrazed : Le secteur privé de formation paramédicale est régi principalement par 02 principaux textes règlementaires à savoir le décret n° 98-371 du  23/11/1998  et le cahier de charges du 23/02/2012. A l’origine, ce dispositif  règlementaire permettait aux écoles privées de dispenser des spécialités de niveaux supérieurs telles qu’Infirmier, Sages-femmes, Prothésistes dentaires, Masseurs-Kinésithérapeutes…etc mais  malheureusement en 2011, les pouvoirs publiques avaient décidé d’ « universitariser » (dispositif LMD) les filières paramédicales  ce qui a automatiquement limité leurs champs d’intervention à ces 03 seules spécialités. Et comme le ministère de l’enseignement supérieur assimile les sciences paramédicales aux sciences médicales du fait de l’interdiction par la loi d’orientation de l’enseignement supérieur de créer des facultés privées de médecine, les écoles privées se retrouvent a ne dispenser que ces trois spécialités.

Quelles sont les solutions qui peuvent  mieux intégrer le secteur privé de formation paramédicale dans le système global de la santé afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle de formation et mieux le positionner dans l’environnement sanitaire, et surtout en capitalisant l’expérience pédagogique déjà acquise ?

Mme BENKHALFALLAH Chahrazed : Cette question est problématique dans le sens ou elle  renvoi à la gestion passé de ce secteur par les gouvernements successifs de l’ère de l’ex président Abdelaziz Bouteflika. En effet, la libéralisation du secteur de la santé a permit l’émergence de milliers d’établissements de santé privés et publiques (cliniques, cabinets de consultations, officines pharmaceutiques, laboratoires d’analyses médicales et pharmaceutiques, entreprises de transport sanitaire…etc) ce qui à induit la propulsion d’une demande considérable en professionnels de santé qualifiés (médecins, paramédicaux…). Mais cette demande ne peut être satisfaite par les écoles privées du fait de l’interdiction édictée à ces dernières de ne pas dispenser des formations de niveau supérieur (système LMD) et même des formations qualifiantes ou continues dans le domaine des soins. Cette interdiction a permit impunément a beaucoup d’écoles privés non agréés par le ministère de la santé de former dans le domaine de la formation paramédicale ce qui devrait être normalement la mission dévolue aux écoles privés de formation paramédicale. A titre d’exemple, ces écoles proposent des spécialités qualifiantes non réglementées telles qu’ « infirmier en 06 mois, Technicien laborantin  en 03 mois, Vendeur en pharmacie en 02 jours, Auxiliaire de puériculture en 03 mois, Masseur – kinésithérapeute en 03 mois, Assistant dentiste en 03 mois et même anesthésiste en 06 mois ! Mais heureusement, que les services du ministère de la santé viennent de mettre dernièrement fin a cette situation qui durent depuis plusieurs années. Quand aux solutions, de mon humble point de vue, elles existent. Je croie qu’il est temps pour les services du ministère de la santé publics de procéder à la modification des textes régissant le secteur privé de la formation paramédicale afin de l’adapter aux nouvelles réalités sanitaires du pays. Des textes réglementaires sont nécessaires pour uniformiser et spécifier entres-autres :

Les modalités d’accès aux concours de recrutement sur titre pour les diplômés des EPFPM dans le secteur de la fonction publique ;

-Le contenu du règlement pédagogique ;

-Les modalités des inspections technico-pédagogiques,

-Les modalités du déroulement des examens pour l’obtention des diplômes d’état;

-Le contenu des conventions liant les écoles privées avec les Instituts et écoles publiques de formation paramédicale ;

-Le contenu des conventions liant les écoles privées avec les établissements publiques et privés des soins (CHU, EPH, EHS, EPSP… ;

-Le contenu des contrats de formation liant les écoles privées avec les étudiant(e)s …etc.

Le ministère de la santé est-il informé de vos problèmes ?

Mme BENKHALFALLAH Chahrazed : Oui bien sur. Nous avons fait l’objet de plusieurs inspections d’évaluations diligentées par les services du ministère de la santé.  D’ailleurs je suis conviée, comme l’ensemble des fondateurs des autres écoles privées, à assister a une réunion avec les services du ministère de la santé durant ce mois de septembre ou j’aurais la possibilité d’exposer mes doléances. Pour terminer, je pense que l’un des grands défis nationaux en matière de couverture sanitaire, c’est précisément de donner les moyens aux écoles privées pour participer à faire face à la forte croissance démographique, à l’accroissement continu de l’espérance de vie, et à l’apparition de nouvelles maladies. Et ceci, est d’autant plus vrai que le pays fait face à une grave crise économique.

 

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